mercredi 19 décembre 2007

2006: Longue séparation

J'étais donc de retour en France. Nous étions début janvier et je ne savais pas du tout quand est-ce qu'on allait se revoir. Pas de compte a rebours possible pour se remonter le moral, juste cette sensation de ne pas être la ou il faut.
Mes parents étant séparés depuis relativement peu de temps, je ne me voyait pas m'installer chez l'un ou chez l'autre 1)Pour pas faire de jaloux et 2)parce qu'il m'aurait fallu une voiture. J'ai donc de nouveau aménagé chez ma grand-mère ou j'avais fait installer le wi-fi.

Ma vie professionnelle je l'ai mise entre parenthèses. Mon objectif c'était de repartir le plus vite possible aux USA pour être avec Hubby et bien sur avoir un travail sur place pour ne pas vivre aux frais de la princesse.
J'avais bien espérer obtenir un travail avec le site ou j'avais fait mon stage, mais je me suis rendu compte après quelques mois qu'ils s'étaient un peu fichus de moi (aucun retour de courrier) et qu'au final une baisse de budget ne leur permettait pas de remplacer leur directrice marketing. Je l'ai eu dure, les quelques espoirs auxquels je me raccrochais s'envolaient.
Il n'était pas question pour moi de partir vivre a trifouille les oies pour obtenir un super boulot dans le tourisme. Non, partir a trifouille les oies ça aurait voulu dire louer un appartement, payer la nourriture l'eau, l'électricité, mais surtout acheter une voiture, tout mon salaire y serait passe et je le savais bien. Du coup j'ai fait des boulots temporaires, des travaux de misères certes mais dont chaque sous vaillamment gagne partait dans ma cagnotte.
Ma grand-mère a été formidable pour ça, elle comprenait tout a fait la situation et c'était probablement l'une des rares de ma famille qui avait bien compris que mon cœur et mon bonheur étaient restes la bas.

Deux ans avant, mon grand-père était décédé du cancer. Nous étions donc juste toutes les deux avec nos cœurs en peine.
J'ai eu des super moments avec ma grand-mère, elle me racontait des histoires de sa jeunesses, m'a fait découvrir des photos que je ne connaissais pas. Elle m'a appris comment elle avait appris a dire I Love You lors d'une amourette sur un bateau entre Alger (ou elle était aller voir son frère, dans l'armée) et Marseille. Elle m'a transmis sa sagesse a elle et ses opinions concernant la vie de couple (avec lesquelles j'étais plus ou moins d'accord). On c'est tenu compagnie.
Mais il ne faut pas rêver, nous ne nous entendions pas toujours. Nous avons toutes deux un sacre caractère et nous nous sommes accrochées plus d'une fois. Je ne rangeais certainement pas ma chambre a son gout (ben oui c'était le bordel et on voyait plus le plancher), je ne supportais pas toujours l'odeur du poisson en train de cuire a 10h du matin.
Nous ne vivions pas sur le même rythme. Je me refusais a reprendre les heures françaises, je restais en décalé, ne me couchant pas avant 1h du matin. Je me réfugiait sur Internet, sur une site d'écriture ou la plume le clavier me permettait de garder ma santé mentale. Je suis devenue modératrice sur des forums en anglais ou se retrouvait des ados pour lesquelles je jouait la grande-sœur. Et puis bien sur il y avait les conversations hebdomadaires avec Hubby, des heures passées sur le canapé a discuter de tout et de rien, a se raconter nos journées, a se soutenir.
Je sortais peu. Je retrouvais parfois mon père pour aller faire des randonnées a pieds ou en raquettes, parfois de l'escalade. Un bol d'air dont j'avais bien besoin.

Je me suis trouvée plus d'une fois en larmes dans ma chambre, la porte fermée pour ne pas que la famille sache que non ça n'allait pas. Je me cachais derrière une façade, j'essayais de mon mieux de faire croire a tout le monde que ça allait, mais la réalité c'était que mon corps était en France mais tout le reste était reste avec Hubby aux USA.

J'en ai écrit des lettres de motivation, les compétences j'en avais, mais malheureusement la France reconnait peu les expériences de stage et je me suis souvent entendu dire que je ne correspondait pas au poste alors que mes diplômes étaient exactement ceux cites dans l'annonce et qu'ils n'avaient même pas pris la peine de me rencontrer. Ma grand-mère en était outrée, moi j'ai finit par en être blasée et ne plus vraiment croire en mes compétences.

Au mois de mars j'ai enfin trouve un boulot: un CDD de 25h a La Cr**ss**terie. Diplômée en tourisme a Bac +4, je me suis retrouvée (comme beaucoup) a vendre des sandwich, a passer les croissants au pinceau avant de les mettre au four et a préparer les étalages dans ma tenue ridicule. Autant le dire je m'en fichait pas mal, je faisais mon boulot et je récupérait mon chèque a la fin du mois.
Mon CDD de 1 mois a été renouvelé. Peu avant la fin j'ai appris que non, ce ne serait pas un CDI et que c'était merci mais au revoir. Ce n'était pas bien grave, le responsable local trouvait que je travaillait bien et était prêt a me prendre sur un autre site de Toulouse.
Sauf que voila... L'avant-veille de mon départ, le responsable m'a demande de déplacer deux plaques de yaourts a l'ancienne (avec leurs pots en terre 1919 chose)... La plaque n'étais pas légère et se trouvait au ras du sol (impossible donc de la lever a la force des jambes) et ce qui devait arriver arriva... 15mn après avoir déplace la plaque fautive: mal au dos. Bon je me suis dis, c'est pas bien grave, ça va passer. Repos l'aprem a la maison, tout va bien. Le lendemain je quitte la maison... j'ai pas fait 5m que le dos commence a me lancer. Merde! Je me suis fait quelque chose on dirait. Il n'empêche je suis d'ouverture, il me faut y aller. Je me pointe au travail. Mon responsable n'est pas encore la.
Je demande a mes collègues qui jusque la avait été sympa de me filer un coup de main pour lever les plaques de pains qui pèsent un peu. Les deux filles jusque la plutôt sympa se transforment en pestes et m'accuse de faire semblant d'avoir mal parce que ça me fait chier que je ne reste pas. Je les regardes sans comprendre. J'avais bien fait savoir que ça ne me gênais absolument pas d'aller ailleurs. Elles feront de ma journée une misère. Je ravale mes larmes, j'ai mal au dos.
Je finirais par renverser tout le contenu d'un plateau en larmes devant les clients qui se demandait ce qui se passait, tout en continuant a me cacher des deux pestes en train de faire les sandwichs derrière leur porte.
Je finirait par remplir un document d'accident de travail et de me rendre chez le médecin pour voir ce qui ne va pas. Lombo-sciatique aigue.
Durant les deux mois qui suivent je suis mises en arrête accident de travail, avec interdiction de quitter la maison entre sauf entre 14 et 17h ou pour rdv médicaux.
Il me faudra me battre pour avoir droit a des séances chez le kinésithérapeute (j'ai fini par en avoir une quarantaine), idem pour obtenir une ceinture lombaire qui m'a bien soulagée dans les transports en communs. Au départ toutes les semaines, puis tous les 10 jours et enfin 15 jours, j'allais voir le médecin qui me redisait la même chose.
Le pire ça a été la fois ou je suis allée donner la feuille d'accident de travail a mon ancien patron qui m'a fait poireauter près d'une demi heure, tous les clients de la salle voyaient bien que ça n'allait pas, je me plaquait le dos contre le mur du mieux possible pour éviter d'avoir trop mal, lui n'en avait rien a foutre.

Ça a été dur il faut bien le dire, et ça n'a en rien améliorer mon état mental. Hubby était mal pour moi, il n'était pas la et ne pouvais rien faire pour m'aider.

Tout ça a amené a la suite dont j'ai un peu parle .
Au milieu du mois de juin j'ai craque et j'ai pris un billet d'avion pour repartir en espérant que mon dos irait mieux d'ici la.
Mes godparents sont venus, et je me rappelle d'une belle crise de larmes après que ma godmother m'ai fait me rendre compte a quel point j'avais pu être égoïste vis a vis de ma famille et que je n'avais pas eu une super attitude.

Je me rappelle aussi au mois de juillet, une autre crise de larmes quand mon père m'a demande d'aller acheter en son nom un bouquet de fleur pour les 50 ans de Maman. Mon frere n'étais pas disponible pour venir m'aider, et franchement je l'ai eu dure. Je n'ai pas aime être chargée de cette tache alors que ma mère essayait de faire le deuil de sa vie avec mon père. Je lui avait refile le bouquet entre deux mots marmonnes, et son ressenti avait été le même que le mien (il aurait mieux fait se s'en passer ou au moins de s'en charger lui même).

J'ai eu quelques petites joies, mais bon grand plaisir je crois a surtout été de faire mes valises et de me dire que j'allais enfin le revoir.

9 commentaires:

  1. je ne vois pas trop en quoi tu as pu être égoiste envers ta famille surtout que lors d'une séparation ou de conflits , il vaut mieux s'éloigner un peu des deux "protagonistes" pour ne pas donner l'impression de prendre parti.Et je trouve que tu as été courageuse dans l'épreuve de la séparation et de la recherche d'emploi , surtout après cet incident avec ce s******d d'employeur....
    devoir gérer le divorce de ces parents et sa propre histoire à distance , il y a de quoi se braquer et avoir un comportement qui peut parfois paraitre égoiste à certains mais c'est une façon de se protéger.
    Une question qui me taraude l'esprit , vous n'avez pas pensé à vous marier pour mettre fin à ce calvaire ?

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  2. Quels moments tu as dû passer pendant cette période : ton hubby au loin, tes compétences professionnelles non reconnues, les conséquences de la séparation de tes parents... Heureusement que ta grand-mère te comprenait même si la vie à deux personnes de générations différentes n'a pas dû être simple ! Comme tu dois apprécier ta vie maintenant ! Je vous souhaite à tous les deux de passer d'excellentes fêtes de fin d'année et d'être heureux encore très très longtemps :-)

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  3. ps. Je pense que tes maux de dos n'étaient qu'une somatisation de ton mal-être à cette période là, tu ne penses pas ?

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  4. @Imane: ce n'est pas par rapport a mes parents, non je penses que c'est des attitudes que j'ai eu qui ont été un peu égoïstes et ou j'oubliais que je n'étais pas la seule qui n'allait pas. Enfin, c'est parce qu'on me l'a dis.
    Le divorce de mes parents a ce moment la n'était pas tellement un problème pour moi (mis a par devoir faire l'intermédiaire).
    Non, autant j'avais étudie la question des visas de fiance et autre, autant je ne me voyais pas me marier sans être avec lui un peu plus longtemps. Et puis avec le divorce de mes parents le mariage me paraissait une option bien éloignée (et je n'avais que 22 ans 1/2).

    @PCR: Tu as tout compris.
    Quand a la somatisation, je t'avoue que ça m'a pas mal énervé qu'on me le répète. Je ne me suis pas fait mal au dos exprès (je m'en serait bien passée). Par contre avec le recul, je pense que le fait que ça ait pris autant de temps pour se soigner est lie.

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  5. Coucou!!
    Hé ben.. ça se poursuite ton roman. puré c'est triste.. je pleure presque devant mon ordi! Mais quand meme dis donc,.. quelle force de caractère!! vraiment bravo Cécy!!
    J'ai hâte de connaitre la suite!! J'espère qeu ça sera plus joyeux! ;-)
    gros bec!!

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  6. Une Française dans les Appalaches, cela vaut presque une Américaine en Aveyron...merci pour ta visite et bonnes fêtes! Bon courage surtout...

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  7. @Nancy: je t'avoue que j'avais les larmes aux yeux rien que de me rappeler cette partie la de notre histoire. J'avais pas l'air bête avec mes yeux rouges tiens.
    La suite est heureusement bien plus joyeuse bien qu'avec des hauts et des bas.

    @Betty c.: :D Oui c'est sur que ça se vaut... Excellent français et bienvenue sur mon blog. J'aime bien rendre visite au tiens de temps en temps, il y a toujours de très belles photos. Et si je ne suis pas de l'Aveyron je suis de Midi-Pyrenees alors c'est un peu comme prendre un bol d'air de la maison ;)
    Bonnes Fetes a toi et ta famille.

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  8. Where are you from exactly? I've lived in the Midi-Pyrénées for 15 years, so I know it pretty well.

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  9. @Betty c: I'm from more than one place. I was born in Toulouse by i grew up in a Valley behind Bagneres de Luchon in the middle of the Pyrenees (13 years or so) then I spent 2 years next to St Gaudens and after that we moved to a tiny town not far from Andorra, located in Ariege.
    I studied two years in Toulouse and stayed there for a year in 2005-2006, and I also spent 2 years in Gap (Hautes-Alpes) for studies as well.
    So i consider myself to be from the Pyrenees.

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