mercredi 17 octobre 2007

I say respect

J'avais déjà du respect pour Hubby, non seulement pour qui il est en tant que personne, mais aussi en sachant en quoi consiste son travail.
Et bien hier soir mon estime pour lui et sa patience ont encore grandi.
19h40, je vois la pendule qui tourne. Je me dépêche d'avaler un dîner rapide, puis je file faire le plein. Hubby m'a demandé de venir le chercher au boulot (nous n'avons qu'une voiture ce qui devrais changer aujourd'hui =]), c'était sa late night où il travaille une partie de la soirée. Je devais quitter la maison vers 19h45, finalement il était déja 20h, c'est pas grave, finalement ça a eu son utilité... en quelques sortes.

Je vous explique un petit peu ce que fait Hubby avant de m'étaler sur la soirée d'hier soir. Mon homme est Senior Counselor (sorte de conseillé, éducateur et autre) pour une école-internat privé en pleine forêt qui accueille des jeunes à problèmes. Hyperactivité, manque d'attention, léger autisme et simple manque de base (comment agir en public, hygiène, etc). Les jeunes proviennent surtout de famille qui ont les moyens avec des parents qui ont en général merdé sur leur éducation (manque d'autorité, parent absent à cause du travail, etc). Les jeunes passent par plusieurs étapes pour avoir enfin le droit de revenir à la civilisation, et là c'est pas un euphémisme car ils vivent dans des conditions rudimentaires afin de gagner le droit aux privilèges de la vie moderne (le programme est en train de changer donc bon c'est pas sur que tout reste). C'est souvent dur, il y a des coups de gueules et des pétages de cable (11 points de suture à l'arcade sourcilière pour Colt en souvenir, jeune menaçant un counselor à coup de hache).

Je sais que Hubbyest entraîné pour gérer des situations difficiles, il m'a fait souvent la démonstration des techniques qu'il apprends pour restreindre les gamins et moi je peux vous assurer que je ne pouvais plus bouger et que je ne faisais pas la maline. Mais bon voilà, en entendre parler et en être témoin c'est pas pareil.

Moi voilà donc en pleine nuit en train de rouler en direction de l'école, je ne vais pas vite car il y a de la pente, des virages et qu'il fait nuit. J'arrive vers l'entrée de l'école, je met mon clignotant et là ben je bloque. Il y a des lumières de lampes sur le parking, juste à coté de l'entrée. Ma première pensée c'est "que fond les flics au milieu de nulle part?", car il faut bien l'avouer on aurait dis des flics en train de faire signe pour faire passer l'alcotest ou autre. Mais trés vite je repère une autre loupiote au ras du sol, et je percute: et merde! Une restriction.
Bon je fais quoi moi? Je suis au milieu de la route, petite et peu fréquentée mais route quand même. Un gars s'approche, je lui dis que je viens chercher Hubby et que bon je suis pas tombée au bon moment on dirais. Il me demande si ça ne me gène pas d'attendre (comme si j'avais le choix). Du coup je me gare un peu plus correctement, sur le bord de la route, et je bloque l'entrée de l'école. Hubby m'a dit que finalement c'est bien que j'étais là car (même si personne n'a essayé de rentrer) de cette façon je protégeais le gamin au sol et l'équipe (héros malgré moi quoi).

Au bout de quelques minutes Hubby c'est approché de ma fenêtre pour me résumer la situation: le gamin venait d'arriver, il a pété un cable et en gros à essayer de s'échaper, il a été rattrapé dans le parking et durant la restreinte a essayé de mordre. Quand je suis arrivée il était au sol et relativement calme, enfin si on veut. On tchatche un peu, et puis un staff pousse un bon juron, Hubby y retourne, et c'est là que j'ai compris que c'est pas de tout repos.
J'ai pas vu grand chose, il fesait noir malgrès leur frontales, et puis de toute façon j'étais dans la voiture et Hubby m'avait dit de ne pas sortir et moi j'écoute dans ses cas là.
Bon pour résumé, j'ai pas tout compris à ce qui c'est dis non plus mais putain qu'est ce qu'il a pu crier comme un goret se môme!!! Il y a avait tellement de colère en lui que ça fesait mal. Enfin jusqu'à ce que j'entende: "I'm going to kill you mother fuckers" (ça se passe de traduction). Là du coup je me suis dis que si il menaçait mon homme, même sous la colère on allait pas être copain. Ah il c'est débatu le bougre. Il c'est tellement débatu qu'il a eu trop chaud et après avoir crié "Let me go" (relâchez moi) sur tous les octaves possible par son organisme il c'est mis a crier "Enlevez le moi" en parlant de son sweater. Enfin sur le coup je savais pas qu'il avait trop chaud et je me suis demandé si ils lui avait pas mis les machins pour les fous...
Il y a aussi eu le moment où il ne pouvait plus respirer, certainement à force de crier comme un andouille ou alors il faisait semblant, difficile dire, l'équipe l'a aidé sans juger.

Ce qui m'a vraiment impressionnée c'est que tout au long de cette bataille l'équipe est restée très calme, je pouvais assez clairement entendre la voie d'un des gars et son ton n'a jamais bougé, il n'a jamais levé le ton. Il est resté calme et posé, parlant de façon calmante au môme malgré les mouvements brutaux. A la fin le gamin était allongé par terre, sans restreinte, les trois staff qui restaient, dont Hubby parlaient avec lui de choses et d'autres jusqu'à ce qu'ils soient sur qu'il était vraiment calmé. Hubby m'a expliqué plus tard qu'il est vital de maintenir sa voie calme car tu veux amener le gamin à redescendre à un niveau de communication acceptable.
Après quoi j'ai du attendre dans la voiture une demi-heure de plus à m'ennuyer car je n'avais pas pensé à prendre de livre. 22h passé, on a enfin pu prendre la route pour rentrer à la maison.

Moi c'est clair je ne pourrais pas faire son boulot. Il faut bien plus de patience que ce que j'ai. Mais ce qui est sur c'est que j'ai gagné du respect en moi mari et dans le travail qu'il fait, car il faut le dire, il faut une certaine trempe pour gérer se genre de situation. Alors pour tous ceux qui font se type de boulot, je vous tire mon chapeau.

7 commentaires:

  1. Pfiou, j'ai ressenti le stress de la situation a distance, j'avais la gorge serree en lisant... C'est un peu special comme institut en meme temps, non?
    En tous cas, bravo Colt, il est d'une patience et d'un courage admirables.

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  2. C'est très intéressant de voir comment ces problèmes sont gérés où tu habites, loin des clichés stéréotypés qu'on nous distille en France.Il est vrai que le réalisme quotidien s'accomode mal des reportages spectacles à fort taux d'audimat que l'on cherche à nous faire avaler comme une vérité fondamentale.Moi, le réalisme quotidien m'intéresse, continu donc!

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  3. Spécial... oui et non. Les gamins sont spéciaux. Ce type d'école il y en a partout, elles répondent à un gros besoin actuellement aux US. Celle de Colt fait d'ailleurs partie d'un des plus gros groupes d'éducation privé (inclus aussi programmes de détoxication, jeunes enceintes, perte de poids, etc). Et dans la région les écoles du type de celle où il travaille il y en a un bon paquet.

    Sinon c'est clair, si il y a bien un truc qui m'impressionnera toujours c'est sa patience. C'est bien simple je ne sais pas comment il fait.

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  4. @Aldeaselva: Ce type de gestion fonctionne surtout pour les parents qui ont des sous, car je peux t'assurer que l'école où bosse mon mari, et ben t'as intérêt à mettre quelques sous de coté.
    Bon je suis sure qu'il y en a d'autres de plus accessibles quand même.
    Ah tiens pour le fun, si vous avez déjà entendu parler de Dr Phil (le Mr Psy de la télé) il envoie des gens dans les programmes de la boîte de Hubby.
    C'est sur que c'est pas à la TV que tu verras une restreinte. Trop dangereux, il faut vraiment savoir ce que tu fais... Et puis bon la 'Real TV' c'est toujours édité et limité et finalement tu te rends peu compte du vrai travail qu'il y a derrière.

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  5. Chère Cecy, rien quand te lisant je stressai! alors j'imagine le courage que tu as du avoir!!
    MOi aussi je tire le chapeau à tous ceux qui travail dans "ce domaine"!! que ce soit avec des jeunes ou des personnes handicapés!! Ma soeur - elle est psycologue - à affaire à ce genre de cas.. et je l'ai toujours admirée pour ça! moi je suis vite trouillarde et j'aurai ni les nerfs, ni la patience pour faire tout ça!! Alors en effet, chapeau!!
    plus anectodique, je dois t'avouer - comme ça fait pas super long que je lis ton blog! - que je ne savais pas qui ou quoi était Hunny! j'ai même chercher sur... google !! ne trouvant pas j'ai décider de d'abord lire ton blog!! hihihi!
    je sais, ça craint!! m'enfin, now je sais qui il est et ça aura le mérite de me faire sourire!!
    je te souhaite une très belle journée - ici il y a du soleil!! mais -1° ce matin tout de même... - et un très chouette week-end!!
    groooooos bec!

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  6. Hihi, Nancy :-) ! Hubby, tu l'as compris, c'est le petit nom que les anglo-saxonnes donnent a leurs epoux. Il s'agit en fait d'un diminutif de Husband (mari) = Hubby.

    Cecile, de gros bisous a ma cousine cherie

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  7. @Nancy: En toute honneteté je n'ai pas du tout eu peur, et je ne me sens aucunement courageuse. J'aurais peut être du avoir peur maintenant que j'y pense O.o... En fait j'ai une grande confiance envers les capacité de Hubby et du reste de son équipe. Il m'a raconté plus d'une fois ce type de situation et je sais qu'ils sont entraînés à le gérer, donc je ne voyais pas de raison pour m'inquiéter, et puis j'étais dans la voiture à plusieurs mètres quand même.
    Ah ah, je t'ai perdu avec Hubby hein :P En fait je cherchais un surnom pour le mentionner sans forcément utiliser son nom (bien qu'il sorte parfois). Je l'appelle souvent Baby à la maison, mais bon sure le blog ça le fait pas trop et ça peut prêter à confusion. Alors google t'as donné une réponse? Sinon Camille a mis l'explication.
    Pluvieux ici, température agréables et jolies couleurs d'automne.

    @Cam: Merci pour l'explication.

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